Un nouvel espace de réflexion

A nos lecteurs

Lieu de rencontre, de débat et de publication entre chercheurs, professionnels, journalistes et militants, Claris était né à la fin de l’année 2001, à une époque où le débat sur « l’insécurité » montait en puissance dans le débat politico-médiatique, avec la contribution que l’on sait au résultat du 1er tour de l’élection présidentielle le 21 avril 2002. « Clarifier le débat sur la sécurité », telle était notre devise. Lutter contre toutes les formes de désinformation, de démagogie, de populisme et de fabrication de boucs-émissaires, expliquer en retour comment poser autrement des problèmes de société parfois bien réels et comment y apporter d’autres réponses, tel était notre crédo.
Dix ans plus tard, on ne peut pas dire que la situation ait beaucoup évolué. La thème de la sécurité et, bien entendu, son corollaire celui de l’immigration sont toujours installés au coeur du débat public et des rhétoriques politiciennes. Les formes changent, les mots évoluent, mais les mécanismes fondamentaux sont toujours là. Notre engagement doit donc continuer, mais en s’adaptant lui aussi.
Le sociologue Laurent Mucchielli fut à l’initiative de Claris il y a dix ans. Il anime aujourd’hui un site Internet qui est devenu ces derniers mois un véritable petit média doté d’une grande audience : Délinquance, justice et autres questions de société (http://www.laurent-mucchielli.org/). C’est donc autour de ce site que nous poursuivrons désormais le travail d’analyse critique et de ressource documentaire, dans l’espoir inchangé de donner à nos concitoyens des armes intellectuelles pour résister à la pensée sécuritaire et aux régressions démocratiques qui la suivent comme son ombre.

Christophe Daadouch & Laurent Mucchielli

L’absence de déclaration de naissance d’un enfant : contravention ou délit ?

Depuis très longtemps l’article R. 645-4 du code pénal prévoit que « le fait, par une personne ayant assisté à un accouchement, de ne pas faire la déclaration prescrite par l’article 56 du code civil dans les délais fixés par l’article 55 du même code est puni » d’une amende liée aux contraventions de 5e catégorie, soit 1500 euros.

Au moment de la réforme de la protection de l’enfance de mars 2007 certains parlementaires estimaient que cette sanction n’était pas suffisante, en particulier pour les sectes peu dissuadées par une seule contravention.

Il fut donc votée une loi créant un délit nouveau à l’article 433-18-1 du code pénal. «Le fait, pour une personne ayant assisté à un accouchement, de ne pas faire la déclaration prescrite par l’article 56 du code civil dans les délais fixés par l’article 55 du même code est puni de six mois d’emprisonnement et de 3 750 EUR d’amende» est-il précisé. Soit.

Le seul souci, dans ce flux tendu de lois sans toilettage des précédents textes, c’est que ce délit qui devait remplacer la contravention cohabite désormais avec elle !!! Le délit a été crée sans que la contravention n’ait été supprimée. A espérer donc qu’à une occasion prochaine le décret soit abrogé pour que les principes fondamentaux du droit soient enfin respectés.

Christophe Daadouch

Nicolas Sarkozy face aux français : florilèges et premières brèves réactions.

Il y a quelques années déjà Pascal Clément avait évoqué la taille et le gabarit des jeunes pour justifier les évolutions du droit pénal des mineurs. Traduit par le chef de l’Etat cela donne « Peut-on encore utiliser le terme de tribunal pour enfant pour juger un jeune de 17 ans qui mesure 1m85 ? Le terme de juge des enfants n’est plus adapté ».

Le rapport Varinard proposait d’ailleurs de modifier les termes pour remplacer les mots « juge des enfants » par « juge des mineurs » et « tribunal pour enfants » par « tribunal pour mineurs ». C’est visiblement l’objectif réaffirmé par le chef de l’Etat pour lequel le terme d’enfant pose problème.

Plus généralement ce rapport proposait une refonte totale du droit pénal des mineurs annoncé avant l’été 2010 pour ensuite être enterré dans d’autres urgences judiciaires (loi pénitentiaire, suppression du juge d’instruction, refonte de la carte judiciaire…) Finalement la volonté de refonte est réaffirmée avec la même urgence : « Une refonte totale du droit pénal des mineurs sera soumis aux différents composantes politiques et sera voté avant l’été » précise Nicolas Sarkozy.

C’est évidemment pour le droit des mineurs l’annonce la plus importante de l’intervention du chef de l’Etat.

Pour le reste le chef de l’Etat s’arroge quelques paternités contestables.

« J’ai créé le fichier des empreintes génétiques des délinquants sexuels en 2003 ». Curieuse confusion que de mêler dans la même phrase le FNAEG (fichier nationale automatisé des empreintes génétiques) créé en 1998 par la loi… Guigou et le FIJAIS (fichier des auteurs d’infractions sexuelles) créé par Dominique Perben en 2004 qui n’est aucunement un fichier des empreintes génétiques mais des adresses des personnes condamnées pour infraction sexuelle.

Il en est de même de «j’ai pris une mesure de suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire » qui est évidemment une sanction ancienne (lois de 1954, 1959, 1966…), que le même Nicolas Sarkozy avait au contraire remplacé en 2003 par une sanction pénale (loi de sécurité intérieure) avant que JL Borloo, ministre de la Cohésion sociale la réhabilite en 2006 et qu’enfin une loi récente vise à en faciliter le prononcé.

Christophe Daadouch

Ben Ali garant de nos frontières ?

Un papier de Nawel Gafsia et Christophe Daadouch
Billet d’Humeur ben ali copé 29 janv 11-2

Le programme du PS en matière de délinquance des mineurs : continuité et incertitudes

Le programme du PS en matière de délinquance des mineurs.

A la loupe de Christophe Daadouch
programme ps

Rencontre avec Stéphane Liévin, policier et syndicaliste sans langue de bois

Un entretien éclairant sur le métier de policier sur le site de Laurent Mucchielli avec un syndicaliste policier.
Entretien_avec_Stephane_Lievin__octobre_2010__LM_

QUI CONNAIT MICHEL MERCIER ?

Qui connait Michel Mercier1

Par Christophe Daadouch

Rapport bockel: premières lectures

Deux premières analyses du rapport Bockel remis cette semaine.

Une de Laurent Mucchielli que l’on retrouve sur son site ainsi que sur Mediapart.
rapport bockel

Une de Christophe Daadouch
L__apprentissage_du_francais_sous_contrainte

les droits des usagers malmenés

Un entretien de C.Daadouch dans Lien social

Daadouch

Les mineurs étrangers isolés : source d’angoisse et même de maladie

Ne négligeons pas la santé physique et mentale de nos travailleurs sociaux. Cet enseignement d’une réelle acuité n’est certes pas nouveau mais a fait l’objet de réflexions et pistes d’action du ministère de la Famille à l’occasion des Etats généraux de l’enfance.
La fiche action n°34 se nomme ainsi : « Pour lutter contre le burn out des travailleurs sociaux : un repositionnement professionnel ». (http://www.etatsgenerauxdelenfance.famille.gouv.fr/IMG/pdf/annexe-rappotatel2.pdf).

Les encyclopédies en ligne aident le non familier de cet anglicisme à comprendre qu’il s’agit « d’un syndrome d’épuisement professionnel (….) caractérisé par un ensemble de signes, de symptômes et de modifications du comportement en milieu professionnel ». Ce syndrome de burn out est, lit-on, consécutif « à l’exposition à un stress permanent et prolongé », « aux confrontations répétées à la douleur ou à l’échec » et touche les « professions « aidantes ».

Ce qu’aucune encyclopédie en ligne n’aide par contre pas à comprendre c’est le lien entre le titre de la fiche action (le burn out) et son contenu. On y parle en effet exclusivement du droit des mineurs étrangers isolés, de l’amélioration de leur prise en charge, de modules linguistiques et de la mise en place de référent dédié au sein des établissements de placement d’enfant.
Alors deux choses l’une. Soit l’un des scribes du ministère de la Famille –probablement lui-même en difficultés médicales- a mélangé les fiches au moment de la restitution de la table ronde, et dans ce cas un bon suivi s’impose.

Soit, et c’est plus inquiétant les mineurs étrangers isolés seraient une telle source d’angoisse dans les équipes sociales qu’ils provoqueraient «des modifications morphologiques, fonctionnelles ou biochimiques de l’organisme du sujet atteint », pour reprendre des diagnostics fréquemment observés lors du burn out. Et là du coup ce n’est plus un suivi qui s’impose mais plutôt un éloignement. Ne négligeons pas la santé de nos professionnels disais-je en introduction !

Christophe Daadouch